À Saigon, pas de reculons!

Nous sommes bien arrivées à Saigon, en ayant l’impression d’avoir passé la semaine dans l’avion! La première étape une fois débarquées, était d’obtenir nos visas d’entrée. Première surprise, la dame qui nous soutire nos passeports et nos documents ne parle pas l’anglais. J’avais des précisions à demander car je n’avais pu remplir mon formulaire au complet. On ne comprend pas tellement comment cela fonctionne, il y a un type qui ressemble à un gendarme de la Corée du Nord qui se promène comme une queue de veau et qui appelle des gens. Il fallait être très attentives car notre Kim Jong Il prononçait les noms de famille de façon disons artistique. On se demandait comment Hébert allait sonner en vietnamien et avons finalement gagé que Tixidor sortirait plus du lot, c’est sur ce nom qu’il fallait focuser. Finalement, après 30 minutes d’attente en file stalinienne, Kim jong sort deux passeports canadiens et, en entendant Valeriiie, elle lui a sauté dessus en langage des signes en lui signifiant que c’était nous. Sans échanger un mot, sauf 25$ pour le beau collant dans nos passeports, nous voilà autorisé à circuler dans le pays!

La seconde étape visait à prier pour voir apparaître, deux jours plus tard et après trois correspondances, nos sacs à dos sur le tourniquet. Un autre petit miracle venait de se produire, nos sacs tournaient déjà et n’attendaient que nous.

Le dernier petit miracle devait être Mr Wong (nom fictif). J’explique. Puisqu’à Saigon, il y a un système d’arnaque qui fait en sorte que certains chauffeurs de taxis, de mèche avec des fraudeurs, amènent des touristes à de faux hôtels, qui portent le même nom que des vrais (des copies en quelque sorte), nous avions organisé notre arrivée avec l’hôtel pour que quelqu’un vienne nous chercher. Dès le seuil de la porte de l’aérogare franchi, j’ai été soufflé par ce qui nous attendait. Bien que seulement deux avions venaient d’atterrir, des centaines de personnes, visiblement de la place, criaient des noms, étaient surexcités, comme sur le tapis rouge des Oscars. Je regardais partout autour de moi, je pensais débarquer avec l’équipe nationale de foot ou je ne sais trop. Mais que se passe-t-il?? Pourquoi toute cette cacophonie ? On s’est alors séparées en deux : Val avec les bagages et moi qui part à la recherche de Mr Wong. Il y avait des centaines de personnes qui criaient (après qui?, voulaient-ils un autographe en tendant leurs papiers ?). En tout cas, pas de doute, je ne ressemble pas à Catherine Deneuve dans Indochine, alors c’est réglé ;-) Je poursuis mon chemin dans cette foule agglutinée en lisant les affiches de tous et chacun. J’espérais que l’affiche qui nous était destinée n’était pas en vietnamien car nous aurions été mal barrés. Après quelques minutes, j’aperçois notre Mr Wong, sur le bout des pieds, qui tentait de se mettre en valeur dans cette foule avec sa pancarte PATRICIA HÉBERT, Green hotel. YÉ! Mais la partie n’était pas encore gagnée, fallait que j’aille chercher Val et le retrouver à nouveau. Il me fit un langage des signes qui pointait vers la droite. Alors, je pars chercher Val, fière de mon coup, et tente de retrouver Mr Wong. Mais où était-il rendu? Ils se ressemblent tous! 5 pieds, cheveux noirs et 75 livres mouillés….c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais finalement, Mr Wong nous a retrouvé, avec son beau sourire édenté, il nous a fait signe de le suivre. J’ai voulu lui demander si c’était habituel tout ce cirque, mais son anglais n’était pas au niveau de yes, no, toaster. Alors, nous n’avons rien dit et avons foncé, et le terme est bien choisi, vers notre mini hôtel.

Je savais que la circulation était très particulière à Saigon, mais sûrement pas à ce point. Tout le monde fonce dans le tas, les feux de circulation sont très rares et de toute façon, servent de décoration. Il y a aussi des gens qui roulent à contre-sens et qui font des u-turn dans des ronds-points…

Sans exagérer, j’ai pris 30 minutes avant de traverser la rue. Val a été plus courageuse que moi. Il fallait absolument traverser la rue pour aller au bureau de change. Je n’arrivais pas à me lancer, les mobylettes arrivaient de partout. Mon premier réflexe aurait été de partir à courir. Grave erreur à ne pas faire. Étrangement, il est préférable d’y aller à cloche-pied, c’est moins dangereux. Je n’y croyais pas, pour moi c’était comme marcher sur les eaux, ce n’est pas possible. Mais il arrive comme un petit miracle et tout le monde nous contourne, par en avant, par en arrière, il ne faut surtout pas hésiter ou reculer, sinon on se retrouve, au mieux, avec quelques orteils en moins.

Un Mr. Nguyen (nom fictif) a eu pitié de moi et est venu arrêter la circulation pour me faire traverser. Mr. Nguyen nous dit : « pas danger, pas danger, Saigon bcp motos! » « Venez avec nous, 2 cyclopousses, pas cher, pas cher, et vous faire tour Saigon sans danger ». C’est alors qu’on embarque, comme dans des films, dans deux cyclo-pousses! Malgré son petit gabarit, notre Mr Nguyen a des mollets d’acier, et des nerfs aussi, et part nous faire un tour dans tout ce brouhaha. À la première intersection, on s’est avouées avoir fermé toutes les deux nos yeux. Nous n’avions pas dormi depuis 2 jours, il faisait plus de 40 degrés, et on fonçait dans une poussette à toute allure, vers quelque part, je ne sais trop….mais je cherchais toujours Val dans notre sillon, parce que s’il fallait que le copain de Mr Nguyen change de track et que je perde Val, qui ne parle pas anglais, dans Saigon…ouf...je me voyais déjà avec ma petite pancarte, au milieu de la foule : Valérie Tixidor….

Pour visionner la vidéo de notre randonnée en cyclo-pousse, allez sur http://www.youtube.com/watch?v=UXn2jv3Qcmo&feature=youtu.be